Esprit Cross, quand tu nous tiens...

Publié le 26 Décembre 2014

Le 29 mai 2014, ses études terminées, il nous quittait pour retrouver sa Haute-Savoie natale.

Deux jours plus tard, à quelques km de chez lui, la Maxi Race d'Annecy (un tour du lac par les montagnes en 86 km / 5 300 m de D+), son objectif de la saison, lui échappait (forfait pour cause de blessure contractée quelques semaines plus tôt) alors même que la belle saison était de retour, le meilleur moment de l'année pour un fan de trail...!

Une reprise progressive à vélo l'aida à retrouver rapidement ses capacités physiques pour profiter un max de ses chères montagnes: cinq mois de belles sorties à rythme soutenu en vélo, de préférence sur les routes bien pentues des cols savoyards, et en trail, sur les sentiers escarpés du massif des Bauges (Savoie et Haute-Savoie). Des séances rapides, quelques compétitions, dont le kilomètre vertical de Manigod, réputé pour la raideur de ses pentes et, le 30 novembre, soit six mois après l'avoir quittée, il retrouvait - contrat de travail en poche - sa “Bella Nissa” et l'ASPTT Nice Athétisme.


Un retour que Guillaume Abry, puisque c'est de lui qu'il s'agit, ne manqua pas de "célébrer" avec l'équipe des seniors que coach Raymond avait alignée au départ des Championnats Départementaux de Cross à Levens. On le sait (voir l'article du 21/12), Guillaume fera course en tête au premier passage avant de céder devant plus expérimentés que lui, mais réussira à décrocher une 5ème place très prometteuse... des efforts qui, le soir même, n'empêcheront pas son esprit de vagabonder au gré de son inspiration et du style littéraire qu'on lui connait bien...

Ci-dessous, extraites du journal facebook de Guillaume du 21 décembre, les pensées d'un coureur de cross.
A déguster sans aucune modération !

Pierre Planas - http://nice.asptt.com/                                                                    Clic gauche pour agrandir la photo
Esprit Cross, quand tu nous tiens...  Départementaux de Cross 2014 (Grand Prè de Levens): Le cross long masculin (à gauche, Guillaume Abry)
 
”Que je les aime ces journées de cross, à patauger des heures durant dans une fange infâme. Que je l'aime cette longue attente avant ta course, près d'une tente conviviale, où de délicieux gâteaux côtoient les breuvages les plus délectables. Que je l'aime ce défilé de courses, où tu prends plaisir à encourager minimes, cadets, vétérans, hommes, femmes... Que je les aime ces échauffements collectifs, où t'es plus occupé à "mater" la course des féminines en espérant qui sait apercevoir la femme de ta vie plutôt qu'à penser au départ imminent de la course. Que je l'aime cette photo de groupe d'avant-course et ces petites tapes amicales pour se souhaiter bonne chance. Que je l'aime cet esprit sportif, si loin d'un quotidien, d'une routine, qui feraient bien de s'en inspirer, et vite bordel de Dieu.

Que je l'aime le coup de pistolet du starter, qui libère un trop-plein d'énergie latent depuis un réveil précoce à 6 du mat' lié à une douleur étrange au mollet, sans doute plus due au stress inhérent à un jour de compète qu'à une blessure avérée. Que je les aime ces premiers mètres de course où il faut aller se placer devant sous peine de se laisser enfermer. Que je l'aime cette sensation d'emmener tout un peloton, avec la lourde charge d'imprimer le rythme, donc d'inventer le scénario de la course.

Que je ne les aime pas ces attaques où t'es tellement à bloc et si "haut dans les tours" que t'es infoutu d'apporter la moindre réponse pertinente si ce n'est celle de la soumission à la loi du plus fort. Que je les hais ces kilomètres de milieu de course où tu penses très fort à abandonner et où tu te demandes juste : mais pourquoi, quel est le putain de sens à tout ça ? Que j'aime quand l'esprit, malgré tout, ne lâche rien et continue à instiller dans les jambes l'énergie nécessaire à la poursuite des "opérations". Que je les aime ces derniers mètres où tu lâches les dernières forces dans la bataille, mais quelle bataille, y a pas de bataille, c'est du sport les gars, donc seulement un putain de jeu, alors arrêtez de parler de "guerriers" et/ou de "machines", parlez d'hommes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes, c'est déjà plus que pas si mal.

Que je la savoure cette belle 5ème place, tout en ayant à l'esprit qu'il y avait la place pour faire bien mieux encore et que comme trop souvent, je me suis un peu beaucoup fait "sauter la caisse" (comme dirait Laurent Jalabert) en partant comme un "bourrin", mais c'est aussi ça la vie, prendre des risques, surtout quand au final y a aucun désagrément possible, si ce n'est celui de finir à l'agonie, mais on s'en remet paradoxalement souvent des agonies, pour peu que la volonté soit au RDV. Que je les aime les 4 mecs devant moi, parce qu'ils m'ont poussé à me sortir les tripes et à explorer mes limites corporelles et mentales du moment. Que je les aime tous les mecs derrière moi, parce qu'ils m'ont poussé à ne rien lâcher et aussi parce que j'aime bien être cette petite souris qui résiste au gros chat qu'est le peloton. Que j'aime aller voir les potes une fois la ligne d'arrivée franchie et tapoter leur épaule trempée par l'effort et leur adresser un petit message de félicitations sincère, parce que eux aussi ont donné tout ce qu'ils avaient. Que je l'aime et la déteste à la fois cette 2ème place par équipes, à seulement 2 points (donc 2 places) de la victoire.

Que je l'aime ce sport, d'un amour qui confine à la passion, à l'obsession aussi sans doute oui, mais pourquoi le cacher quand c'est beau comme ça. Que je l'aime mon "vieux coach Raymond", fantastique de passion envers un sport qu'il a depuis bien longtemps placé sur un piédestal et qu'il a en très haute estime.

Que j'aime, plus que tout, la perspective de revivre de semblables journées tout bientôt, en encore mieux.”

Guillaume Abry

Album photos des Départementaux de Cross 2014 (Ju Riviera photography): ici

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